Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/48

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depuis pour la paix, il faisait espérer de lui donner les dix-sept provinces, et de lui faire épouser sa fille. M. le dauphin ne souhaitait ni la paix, ni ce mariage. Il se servit de M. le connétable, qu’il a toujours aimé, pour faire voir au roi de quelle importance il était de ne pas donner à son successeur un frère aussi puissant que le serait un duc d’Orléans, avec l’alliance de l’empereur et les dix-sept provinces. M. le connétable entra d’autant mieux dans les sentiments de M. le dauphin, qu’il s’opposait par-là à ceux de madame d’Estampes, qui était son ennemie déclarée, et qui souhaitait ardemment l’élévation de M. le duc d’Orléans.

M. le dauphin commandait alors l’armée du roi en Champagne, et avait réduit celle de l’empereur en une telle extrémité, qu’elle eût péri entièrement, si la duchesse d’Estampes, craignant que de trop grands avantages ne nous fissent refuser la paix et l’alliance de l’empereur pour M. le duc d’Orléans, n’eût fait secrètement avertir les ennemis de surprendre Épernay et Château-Thierry, qui étaient pleins de vivres. Ils le firent, et sauvèrent par ce moyen toute leur armée.

Cette duchesse ne jouit pas long-temps du succès de sa trahison. Peu après, M. le duc d’Orléans mourut à Farmoutiers, d’une espèce de maladie contagieuse. Il aimait une des plus belles femmes de la cour, et en était aimé. Je ne vous la nommerai pas, parce qu’elle a vécu depuis avec tant de sagesse, et qu’elle a même caché avec tant de soin la passion qu’elle avait pour ce prince, qu’elle a mérité que l’on con-