Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/523

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lettres.

il était engagé, il y a long-temps ; il l’a dit à tous ceux qui pensaient à la députation ; il faut laisser nos espérances jusqu’aux états prochains. Ce n’est pas de quoi il est question présentement : il est question, ma belle, qu’il ne faut point que vous passiez l’hiver en Bretagne, à quelque prix que ce soit. Vous êtes vieille : les rochers sont pleins de bois ; les catarrhes et les fluxions vous accableront ; vous vous ennuierez ; votre esprit deviendra triste et baissera ; tout cela est sûr, et les choses du monde ne sont rien en comparaison de tout ce que je vous dis. Ne me parlez point d’argent ni de dettes : je vous ferme la bouche sur tout. M. de Sévigné vous donne son équipage ; vous venez à Malicorne ; vous y trouvez les chevaux et la calèche de M. de Chaulnes ; vous voilà à Paris ; vous allez descendre à l’hôtel de Chaulnes ; votre maison n’est pas prête, vous n’avez point de chevaux, c’est en attendant ; à votre loisir vous vous remettez chez vous. Venons au fait : vous payez une pension à M. de Sévigné ; vous avez ici un ménage ; mettez le tout ensemble ; cela fait de l’argent ; car votre louage de maison va toujours. Vous direz : Mais je dois, et je paierai avec le temps. Comptez que vous trouvez ici mille écus, dont vous payez ce qui vous presse ; qu’on vous les prête sans intérêt, et que vous les rembourserez petit à petit, comme vous voudrez. Ne demandez point d’où ils viennent, ni de qui c’est ; on ne vous le dira pas ; mais ce sont gens qui sont bien assurés qu’ils ne les perdront pas. Point de raisonnements là-dessus, point de paroles, ni de lettres perdues. Il faut venir ; tout ce que vous m’écrirez, je ne le lirai seulement pas : en un mot, ma belle,