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Le contact de trente ans avec le peuple le plus civilisé, le plus spirituel du monde n’a rien laissé chez eux, et la brute arrachée à son douar, redevient aussi brute, aussi sauvage qu’autrefois.

Il faut l’avouer, nous ne sommes pas étrangers au mal, à sa cause.

Les légendes à propos de « l’arabe et son coursier » les écrits de Dumas et ceux d’illustres voyageurs gorgés de champagne par les chefs ; la nigauderie de certains touristes qui ont cru devoir poétiser ce peuple, toutes ces sottises réunies n’ont pas peu contribué à monter la tête aux arabes.

Ajoutez à cela les niaiseries de certains journalistes farceurs intéressés, genre Lamothe, citant à tout propos et surtout hors de propos, le dévouement de ces braves indigènes qui s’enrôlent dans notre armée, afin de verser leur sang pour leur nouvelle patrie, et citant leurs exploits en Chine et au Tonkin ?

Toutes ces flagorneries ont eu pour résultat d’enfler outre mesure l’orgueil de ces demi-sauvages qui endossent l’uniforme pour 300 fr. et qui le lendemain ils égorgeraient avec bonheur, si on leur en donnait l’ordre, les habitants du douar où ils sont nés. Cette réputation de bravoure, de noblesse, de sentiments est aussi fausse que toutes les autres qualités qu’on leur prête, hospitalité, générosité, sobriété, etc.