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PREMIERE PARTIE




I. — J O C O N D E.
Nouvelle tirée de l’Arioste[1].


Jadis regnoit en Lombardie
Un Prince aussi beau que le jour,
Et tel, que des beautez qui regnoient à sa Cour
La moitié luy portoit envie,
L’autre moitié brûloit pour luy d’amour.
Un jour en se mirant : Je fais, dit-il, gageure
Qu’il n’est mortel dans la nature,
Qui me soit égal en appas ;
Et gage, si l’on veut, la meilleure Province
De mes Estats[2] ;

  1. Orlando furioso, canto XXVIII. — L’édition originale, qui fait partie du recueil décrit ci-dessus dans la note de la page 1, porte le titre suivant : Joconde ou l’infidelité des femmes. Nouvelle, par M. de L. F.
  2. Edition originale :
    Un jour qu’il se miroit dans le cristal d’une onde,
    Je gage, ce dit-il, qu’il n’est point d’homme au monde
    Qui me puisse égaler en matiere d’appas.
    J’y mettray, si l’on veut, la meilleure Province
    De mes Estats.