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TROISIESME PARTIE.


IX. — LE BAISER RENDU.


Guillot passoit avec sa mariée.
Un Gentilhomme à son gré la trouvant :
Qui t’a, dit-il, donné telle Epousée ?
Que je la baise à la charge d’autant.
Bien volontiers, dit Guillot à l’instant.
Elle est, Monsieur, fort à vostre service.
Le Monsieur donc fait alors son office,
En appuyant ; Perronnelle en rougit.
Huit jours aprés, ce Gentilhomme prit
Femme à son tour : à Guillot il permit
Mesme faveur. Guillot tout plein de zele :
Puisque Monsieur, dit-il, est si fidele,
J’ay grand regret, et je suis bien fâché
Qu’ayant baisé seulement Perronnelle,
Il n’ait encore avec elle couché.



X. — EPIGRAMME [1].


Alis malade, et se sentant presser,
Quelqu’un luy dit : Il faut se confesser ;
Voulez-vous pas mettre en repos vostre ame ?
Oüy, je le veux, luy répondit la Dame :
Qu’à Pere André l’on aille de ce pas ;
Car il entend d’ordinaire mon cas.
Un Messager y court en diligence ;

  1. Dans l’édition de 1685 et dans les suivantes cette piece est intitulée : Alix malade