Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 3.djvu/107

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en ce lieu. On y vivoit A peu prés comme chez les premiers humains ; pus proprement, A la vrit, mais le viandes que la seule Nature assaisonnoit. Le Vieillard couchot en une enfonure du tocher, sans autre tapis de pied qu’un peu de mousse tendu, et sur cette mousse I’eq, uipage du Dieu Morph&. Un autr. e tocher plus spaceux et plus fichemerit meubl estot l’appartement des deux eunes filles. Mille petits ouvrages de ionc et d’écorce tendre y tenoient lieu de tapisserie, des plumes d’oseaux, des restons, des corbeilles remplies de fleurs. La porte du roc servoit aussi de fenesteg, comme celles de nos balcons ; et par le moven de I’esplanade, elle dcouvroit un pays fort grand’. diverrifle’, agreable : le Vieillard avoit abatu [es arlres qui pouvoent nuire à la veuë.

Une chose m’embarasse, c’est de vous d6peindre cette porte servant aussi de fenestre, et semblable celles de nos balcons, en sorte q.ue le champestre soit conserr& Je n’ay jamais pfi sqavor comment cela s’estoit flit. I1 suffit de dire qu’il n’y avoit rien de sauvageen cette habitation, et que tout l’estoit/ Pentour.

Psiché, ayant regard ces choses, tmoigna A nos tre Vieillard qu’elle souhaitoit de I’entretenir, et le pria de s’asseor prés d’elle. ll s’en excusa sur sa qua[it6 de simple mortel, puis il obe’/t. Les deux rilles se retirerent.

C’est en vain. dit nostre Heroine, que vous me ca : chez.vostre veritable condition. Vous n’avez pas employ6 route vostre’vie / pescher, et parlez.trop bien pour n’avoir jamais convers qu’avec des podssons. tl . est impossible que vous n’ayez veu le beau monde, et hant les grands, si vous n’estes vous roesroe d’une naissance au dessus de ce ui aroist mes yeux Vostre procedé, vos dscours, I’eclucatmn de vos filles, mesme la prol)reta de cette demeure, me le font iuer. le vous pr’ie,’donnez-moy consell. Il n’y a qu’uh Iur que i’esto ! s la plus heureuse femme du monde. Mon mary estot amoureux de moy ; il me trouvoit belle :