Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 3.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il me fit voit en Songe un Palais magnique,
Des grottes, des canaux, un superbe portique,
Des lieux que pour leurs beautez
J’aurois pû croire enchantez,
Si Vau n’estoit point au monde ;
Ils estoient tels, qu’au Soleil
Ne s’offre au sortir de l’onde
Rien que Vaux qui soit parell.

C’estoit ausst cette realson magnlfique avec ses accompagnemens et ses jardins, lesquels Sylvestre (,) m’avoit montrez, et que ma memoire conservoit avec un grand soin, comme estant les plus precieuses pieces e son tresor. Ce fur sur ce fondement que le Songe 61eva son fr&le edifice, et tlcha de me faire voir es choses en leur plus grande perfection II choislt pour cela tout ce qu’il y avoit de plus beau dans ses magazins ; et, afin que mon plaisir dur&t davantage, il voulut que cette apparition fat mi16e d’avantures tr6s-remarluables. Je vis des plantes, je vis des marbres, je vis aes cristaux liq,ides, je vis des animaux et des hornroes. Au commencement de mon songe il m’arriva un.e cho. se qui m’estoit-arriv6e plusieurs autres fois, el q.u ! arrtve souvent & chacun ; .c’est’qu’une partie des Oblets sur la pens6e desquels le venois de m’en4ormir me passa d’a en I’esprit : ae m’imaginay que i’estois all6 trouver le Sommeil pour le prier de me montrer Vaux, dont on m’avoit dit des choses resque incroyables. Le Iogls du Dieu est au fond dun bols oh le silence et laqolitude font leur s6iour ; c’est un antre que la nature a taillé de ses propres mains, et dont elle a fortiff6 toutes les avenui ! s contre la clart6 et le bruit.

Sous les lambris moussus de ce sombre palais

I. On connoît 14 vues de Vaux d’Israel Sylvestre, décrites par M. L.-E. Faucheux, sous le n. 311, dans le catalogue de ce graver, qu’il a publié à Nancy en 1857.