Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 3.djvu/237

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Ce n’est pas tout : plein d’un dépit extrême
Le voilà qui se plaint au monarque des dieux ;
Et de ce qu’il devrait se cacher à soi-même,
Importune sans cesse et la terre et les cieux.
L’adultère Jupin, d’un ris malicieux,
Lui dit que ce malheur est pure fantaisie,
Et que de s’en troubler les esprits sont bien fous.
Plaise au ciel que jamais je n’entre en jalousie ;
Car c’est le plus grand mal, et le moins plaint de tous.

Que fait Vulcan ? car pour se voir vengé,
Encor faut-il qu’il fasse quelque chose.
Un rets d’acier par ses mains est forgé :
Ce fut Momus qui je pense en fut cause.
Avec ce rets le galant lui propose
D’envelopper nos amants bien et beau.
L’enclume sonne ; et maint coup de marteau,
Dont maint chaînon l’un à l’autre s’assemble,
Prépare aux dieux un spectacle nouveau
De deux Amants qui reposent ensemble.

Les noires sœurs apprêtèrent le lit :
Et nos amants trouvant l’heure opportune,
Sous le réseau pris en flagrant délit,
De s’échapper n’eurent puissance aucune.
Vulcan fait lors éclater sa rancune :
Tout en clopant le vieillard éclopé
Semond les dieux, jusqu’au plus occupé,
Grands et petits, et toute la séquelle.
Demandez-moi qui fut bien attrapé ;
Ce fut, je crois, le galant et la belle.

Cet ouvrage est demeuré imparfait pour de secrètes raisons : et par malheur ce qui y manque est l’endroit le plus important ; je veux dire les réflexions que firent