Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 3.djvu/371

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D’une aimable et vive Princesse,
A pied blanc et mignon, à brune et longue tresse ?
Nez troussé, c’est un charme encor selon mon sens,
C’en est même un des plus puissans.
Pour moi, le temps d’aimer est passé, je l’avouë :
Et je mérite qu’on me louë
De ce libre et sincère aveu,
Dont pourtant le Public se souciera très peu.
Que j’aime ou n’aime pas, c’est pour lui même chose :
Mais s’il arrive que mon cœur
Retourne l’avenir dans sa première erreur,
Nez aquilins et longs n’en seront pas la cause.

A Château-Thierry, juin 1671.

LETTRE XXIII ().
A MADEMOISELLE DE CHANMESLAY.

Château-Thierry, ce jeudi 12 (1676).

Je suis à Chaury, Mademoiselle ; jugez si je dois penset à vous, moi qui ne vous oublierois point au milieu de la plus brillante Cour. M. Racine avoit promis de m’ecrire : pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Il auroit sans doute parlé de vous, n’aimant rien tant que votre charmante personne : c’auroit été le plus grand soulagement à la peine que j’éprouve à ne plus vous voir. S’il savoit que j’ai suivi en partie les conseils qu’il m’a donnés, sans cesser pourtant d’être fidèle à la paresse et au sommeil, il auroit peut-être par reconnoissance mandé de vos nouvelles et des siennes : mais véritablement je l’excuse ; aussi bien les agréments de votre société remplissent tellement les cœurs, que toutes les autres impressions s’affoiblissent.

z. Publik pour la premiere lois en 1822 par M. Walckenar d’aprs un autographe appartnant & bl. le comte Orloff.