Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/267

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Ayant remis le pot à sa place ordinaire,
J’aurais gagé, sentant le sommeil me saisir,
Qu’autant qu’une marmotte on m’allait voir dormir.
Le maudit la rancune, homme sans conscience,
N’avait pas jusqu’au bout lassé ma patience :
Pour reprendre le pot, lui-même ayant porté
Tout son corps hors du lit, de force il m’a planté
Un coude dans le creux de l’estomac, terrible,
M’éveillant en sursaut à cette masse horrible :
" Morbleu ! me suis-je alors écrié, je suis mort."
" Je vous demande excuse, a-t-il dit, et j’ai tort ;
Mais de peur d’interrompre, en ma douleur extrême,
Votre sommeil encor, j’ai pris le pot moi-même.
Malepeste, ai-je dit, m’étouffer, m’accabler,
M’enfondrer l’estomac, n’est-ce pas le troubler ? "
Mais lui, sans m ’écouter, ni craindre ma colère,
Rendait à la nature un tribut ordinaire.
Je l’en félicitais de mon mieux, quant le sot
Voulant le mettre à terre, a répandu le pot
Plein jusqu’au bord sur moi, me noyant la poitrine,
La barbe, et tout le corps, d’un océan d’urine.
Portant bien loin du lit mes pas précipités,
Je cours, je vais, je viens, tout couvert de… sentez.

La Baguenaudière


Eh bien ! Pour vous sécher, allez dans la cuisine.
Vous, ma fille, rentrez ; je vois à votre mine
Que vous voulez dormir : de votre appartement
Je vais prendre la clef.

Le Destin


Moi, je vais promptement
Coucher. Ô Ciel !

La Baguenaudière


En vain j’ai cru trouver ma belle :
Ce bruit l’a retenue ; allons au-devant d’elle.

Ragotin