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Parmenon

Pamphile est Citoyenne ! O Dieux ! que dittes-vous !
Pamphile est Citoyenne !

Cherée

Pamphile est Citoyenne ! Et Chremès est son frere.
Te conter en détail comment il s’est pû faire,
Demanderoit peut-estre un peu plus de loisir :
C’est assez que la chose, au gré de mon desir,
S’est n’agueres entre-nous plainement averée.
Outre que de sa sœur la foy m’est asseurée,
Chremès ne me tient pas un homme à dédaigner ;
Il ne nous reste plus que mon pere à gagner.

Parmenon

Je vous le veux livrer au plus tard dans une heure.
Du vieillard au procés sçavez-vous la demeure ?
C’est là qu’il nous attend.

Phœdrie

C’est là qu’il nous attend. Que mon frere est heureux
De se voir possesseur aussi-tost qu’amoureux !
Chacun s’oppose au bien que merite ma peine ;
Thaïs n’a plus en moy qu’une esperance vaine,
Ne pouvant de discours plus long-temps l’amuser,
J’ay promis de mourir, ou bien de l’épouser.
Mourons, puis que l’on n’ose en parler à mon pere ;
Ce n’est que pour moy seul qu’il se montre severe.
Adieu, je vais mourir.

Parmenon

Adieu, je vais mourir. Attendez un moment.
J’ay par son ordre suel harangué vainement,
Et par son ordre enfin je vous rends l’esperance.
Vous feriez beaucoup mieux d’user de deference ;
Mais puis que tant d’amour loge dans vostre sein,
Vous irez jusqu’au bout, j’ose vous le promettre.
Obtenez de Chremès qu’il se veüille entremettre,