Page:La Fontaine - Fables, Bernardin-Bechet, 1874.djvu/139

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Qu’on n’eût pu du jardin sortir tout à cheval.
Le bonhomme disait : Ce sont là jeux de prince.
Mais on le laissait dire : et les chiens et les gens
Firent plus de dégât en une heure de temps
Que n’en auraient fait en cent ans
Tous les lièvres de la province.
Petits princes, videz vos débats entre vous :
De recourir aux rois vous seriez de grands fous.
Il ne les faut jamais engager dans vos guerres,
Ni les faire entrer sur vos terres.


V

L’ÂNE ET LE PETIT CHIEN

Ne forçons point notre talent ;
Nous ne ferions rien avec grâce :
Jamais un lourdaud, quoi qu’il fasse,
Ne saurait passer pour galant.
Peu de gens, que le ciel chérit et gratifie,
Ont le don d’agréer infus avec la vie.
C’est un point qu’il leur faut laisser,
Et ne pas ressembler à l’âne de la fable,
Qui, pour se rendre plus aimable,
Et plus cher à son maître, alla le caresser.
Comment ! disait-il en son âme,
Ce chien, parce qu’il est mignon,
Vivra de pair à compagnon
Avec monsieur, avec madame ;
Et j’aurai des coups de bâton !
Que fait-il ? il donne la patte ;
Puis aussitôt il est baisé :
S’il en faut faire autant afin que l’on me flatte,