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XIII

LA LIONNE ET L’OURSE

Mère lionne avait perdu son faon :
Un chasseur l’avait pris. La pauvre infortunée
Poussait un tel rugissement
Que toute la forêt était importunée.
La nuit ni son obscurité,
Son silence, et ses autres charmes,
De la reine des bois n’arrêtaient les vacarmes :
Nul animal n’était du sommeil visité.
L’ourse enfin lui dit : Ma commère,
Un mot sans plus ; tous les enfants
Qui sont passés entre vos dents
N’avaient-ils ni père ni mère ? —
Ils en avaient. — S’il est ainsi,
Et qu’aucun de leur mort n’ait nos têtes rompues,
Si tant de mères se sont tues,