Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 3.djvu/200

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Une barriere ſi puiſſante :
Un ſeul vid des voleurs, & ſe ſentant preſſer,
Il mit entre eux & luy cette onde menaçante.
Ce n’eſtoit que menace, & bruit, ſans profondeur ;
Noſtre homme enfin n’eut que la peur.
Ce ſuccés luy donnant courage,
Et les meſmes voleurs le pourſuivant toûjours,
Il rencontra ſur ſon paſſage
Une Riviere dont le cours
Image d’un ſommeil doux, paiſible & tranquille
Luy fit croire d’abord ce trajet fort facile.
Point de bords eſcarpez, un ſable pur & net.
Il entre, & ſon cheval le met
À couvert des voleurs, mais non de l’onde noire :