Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le heraut du Printemps luy demãde la vie :
Auſſi bien que mãger en qui n’a que le ſon ?
Écoûtez plûtoſt ma chanſon ;
Je vous raconteray Terée & ſon envie.
Qui, Terée ? eſt-ce un mets propre pour les Milans ?
Non pas, c’étoit un Roy dõt les feux violens
Me firent reſſentir leur ardeur criminelle :
Je m’en vais vous en dire une chãſon ſi belle
Qu’elle vous ravira : mon chant plaiſt à chacun.
Le Milan alors luy replique :
Vraiment, nous voicy bien, lors que je ſuis à jeun,
Tu me viens parler de muſique.
J’en parle bien aux Rois. Quand un Roy te prendra,
Tu peux luy conter ces merveilles :
Pour un Milan, il s’en rira :
Ventre affamé n’a point d’oreilles.