Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/95

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Nous aurions un double treſor ;
L’un cette ame pareille en tout-tant que nous ſommes,
Sages, fous, enfans, idiots,
Hoſtes de l’univers ſous le nom d’animaux ;
L’autre encore vne autre ame, entre nous & les Anges
Commune en un certain degré ;
Et ce treſor à part crée
Suivroit parmy les airs les celeſtes phalanges,
Entreroit dans un poinct ſans en être preſſé,
Ne finiroit jamais quoy qu’ayant commencé,
Choses réelles quoy qu’eſtranges.
Tant que l’enfance dureroit,
Cette fille du Ciel en nous ne paroiſtroit
Qu’une tendre & foible lumiere ;
L’organe eſtant plus fort, la raiſon perceroit