Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1694, tome 5.djvu/189

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Thiſbé fuit, & ſon voile emporté par les airs,
Source d’un ſort cruel, tombe dans ces deſerts.
La lionne le voit, le ſoüille, le déchire,
Et l’aïant teint de ſang, aux forêts ſe retire.
Thiſbé s’étoit cachée en un buiſſon épais.
Pirame arrive, & void ces veſtiges tout frais.
Ô Dieux ! que devient-il ? un froid court dans ſes veines ;
Il apperçoit le voile étendu dans ces plaines :
Il le leve ; & le ſang joint aux traces des pas,
L’empêche de douter d’un funeſte trépas.
Thiſbé, s’écria-t-il, Thiſbé, je t’ai perduë,