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Le Bouif errant

Américain miyonnaire. Parce que ce n’est pas avec les moyens d’existence que je possède en ce moment dans ma poche que je pourrai soutenir mon grade et faire figure dans une dynastie politique. J’avais dit adieu à la vie. C’était réglé. De quoi que j’aurai l’air à présent, de me dégonfler sur une décision irrévocable ? Laissez-moi retourner sous mon tramway. Si mon esprit est inamovible, mon corps est à moi, uniquement.

— Je vous l’achète, dit froidement le docteur Cagliari.

Ce fut une seconde douche pour Bicard, qui regarda avec effarement l’assyriologue. Ce dernier avait sorti un portefeuille de sa lévite.

— Sire ! fit-il avec un respect qui acheva de bouleverser le cerveau du réincarné malgré lui, j’ai besoin du corps de Votre Majesté toute-puissante pour une expérience scientifique. Je vous en offre cinquante mille francs… de suite.

— Sans blague ? murmura Sémoikalphalzar, dit le Bouif.

— Voici déjà cinquante louis pour vous prouver ma bonne foi, continua Cagliari, en offrant à Bicard un billet de banque. Prenez sans crainte, Majesté, ce n’est pas une mystification. C’est une réalité tangible. À présent, causons affaires.

il fit un signe à Baal et Moloch qui allèrent dans le laboratoire et revinrent avec une table toute garnie, sur laquelle deux couverts voisinaient avec un pâté de foie, une volaille froide, une langouste et une seconde bouteille de champagne.

Cette vision amena un sourire de satisfaction sur les lèvres du réincarné.