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Le Bouif errant

momie. Vous serez la momie vivante de Sémoikalphalzar, que je ressusciterai publiquement. Vous deviendrez une curiosité surnaturelle et vous toucherez un tant pour cent sur les bénéfices assurés de cette exhibition de l’au-delà.

— Et les cinquante mille francs ? s’enquit Bicard.

— Vous les toucherez à la signature du contrat que voici. J’ai préparé un projet par lequel vous vous engagerez à m’abandonner la libre disposition de votre enveloppe corporelle, pour servir les intérêts des sciences hermétiques, dont vous avez été toute votre vie un adepte des plus convaincus.

— Je ne sais pas exactement ce que vous voulez dire, mais j’ai idée que la transformation dont vous parlez ne doit pas s’opérer sans quelques risques.

— Beaucoup moins de risques que sur la voie du tramway où vous pensiez trouver la mort.

— C’était un décès que j’avais choisi, tandis qu’être empaillé de mon vivant me semble une opération répulsive. Et puis, ça m’humilie de servir à des expériences et d’être vivisexé par un médecin comme un cove-boye.

— Un cobaye, rectifia le docteur.

— En français, on dit cove-boye, assura le Bouif.

Il était devenu songeur. Son ardeur de suicide s’était un peu calmée. Il reprenait goût à la vie.

— Qu’est-ce que vous risquez de me promettre cinquante mille francs, fit-il, si votre expérience vient à rater ?

Le docteur Cagliari eut un petit rire fort diabolique.