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Le Bouif errant

docteur, il s’en coiffa et s’examina dans une glace.

— Je suis bien camouflé. J’ai l’air funéraire et mondain. Je ressemble à un vieux noceur qui fait la nouba en peinard. Si au moins j’avais sur moi de quoi y ressembler tout à fait, avec de l’argent en papier.

Machinalement, il fit le geste de glisser la main dans sa poche pour chercher un portefeuille imaginaire et retira le billet de mille francs que le docteur Cagliari lui avait remis en acompte.

— Un filon ! hurla Bicard. Mais ne restons pas ici. Ouste !

Il avait remarqué une fenêtre dissimulée entre deux panneaux assyriens.

Il se précipita et regarda. La fenêtre donnait sur le parc. Elle s’ouvrait sur la façade toute garnie de lierre de la villa de Cagliari.

La situation désespérée dans laquelle se trouvait Bicard lui fit retrouver son agilité d’autrefois.

Sans hésiter, il s’accrocha au lierre et se laissa glisser dans le jardin.

Sa silhouette, sous les reflets de la lune, ressemblait tellement à celle du docteur que le concierge ouvrit la grille sans rien demander. Bicard passa d’un air dégagé.

Mais, à peine sorti de la villa, il prit ses jambes à son cou et courut à perdre haleine jusqu’à la porte de Neuilly.

Alors seulement il remarqua que son pyjama multicolore formait avec le macfarlane un ensemble un peu surprenant. Heureusement, le long pardessus du docteur se boutonnait hermétiquement.

— Ça pourra gazer, pensa le Bouif. Seule-