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Le Bouif errant

— Bravo ! cria Ladislas. Bravo pour le danseur. Mais où diable ai-je vu cette tête-là. Je le connais, ce bonhomme.

Il fit un geste de la main pour attirer l’attention de Bicard. Malheureusement, ce dernier était trop occupé à imiter les attitudes des Sisters-girls pour s’occuper d’autre chose.

Dans son enthousiasme, il oublia même que les pantoufles de Cagliari étaient un peu larges pour sa pointure.

Si bien que lancée dans l’air, comme par une catapulte, dans un mouvement de chorégraphie, l’une d’elles échappa du pied de Bicard, décrivit une parabole et vint se plaquer vigoureusement sur la face congestionnée de Michaël Bossouzof, qui hurla avec rage :

— Tripes de cosaques ! Cet incommensurable voyou vient de m’adresser un soufflet !

— Non, assura Gaby, c’est une pantoufle. Ne t’en fais pas ! Ça lui a échappé sans intention. T’as étrenné parce que tu étais en face. Reste calme. Ne fais pas l’idiot. Sois correct.

L’incident avait prodigieusement diverti le prince Ça-Va et ses amis.

Par contre, le gérant commençait à s’impatienter.

— Vous feriez mieux de rentrer chez vous, monsieur. Il n’y a plus une place de libre.

— Quelle blague ! fit Bicard. Je vois là une chaise.

— La mienne ! s’empressa de répondre, d’un ton revêche, une redoutable hétaïre, dont les perles