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et comptent depuis cinquante-deux rois de différentes races. On ignore d’ailleurs s’ils ne font qu’un seul peuple descendu des premiers hommes qui ont habité le pays, ou si dans la suite quelque autre nation ne s’y est pas établie malgré les premiers habitans ; et la principale raison de ce doute vient des deux langues dont ils ont l’usage : l’une vulgaire, et l’autre connue seulement des savans. Ils assurent eux-mêmes que leurs lois sont étrangères et leur viennent du pays de Laos ; mais il y a d’autant moins de fond à faire sur cette tradition, que celle des peuples de Laos porte que leurs rois et la plupart de leurs lois viennent de Siam. Lequel des deux croire ?

Si l’on considère la situation du pays, dont les terres sont si basses, qu’elles paraissent échappées miraculeusement à la mer, les inondations qui s’y renouvellent tous les ans, le nombre presque infini d’insectes qu’elles y produisent, et la chaleur excessive du climat, il est difficile, suivant Laloubère, de se persuader que d’autres hommes aient pu se résoudre à l’habiter, que ceux qui sont venus du voisinage à mesure que les terres ont été défrichées. Il y a donc beaucoup d’apparence que les Siamois qui habitent le plat pays descendent de ceux qui occupent les montagnes du nord, et qu’on distingue encore par le nom de Taï-Yaï, ou de grands Siamois.

Cependant on remarque aujourd’hui que le sang siamois est fort mêlé de sang étranger.