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monarque que l’on disait riche et puissant pouvait apporter de si chétifs présens. L’amiral allégua les mêmes raisons qu’il avait déjà données au ministre, et produisit les lettres de son maître. Bentaybo les interpréta. Elles finissaient par la promesse d’envoyer à Calicut les marchandises du Portugal, ou de l’or et de l’argent, suivant le choix du samorin. L’idée d’un commerce avantageux qui pouvait augmenter ses revenus, dont la plus grande partie consistait dans les droits d’entrée et de sortie, adoucit l’avare despote. Il demanda quelles étaient les marchandises du Portugal. Gama lui en fit un long détail. Il ajouta qu’il en avait des essais sur sa flotte, et offrit d’aller les chercher, en laissant quelques-uns des siens pour otages. Le samorin n’en exigea point, et lui permit de faire débarquer ses marchandises et de les vendre aussi avantageusement qu’il le pourrait. Le catoual eut ordre de le reconduire à son logement.

Ce ministre, absolument vendu aux Maures, lui préparait bien des traverses. À peine Gama était-il parti pour Padérane, que les Maures, qui craignaient de perdre l’occasion de s’en défaire, déterminèrent le catoual à le retenir prisonnier, s’engageant même à excuser cette conduite auprès du roi. En effet, le catoual rejoignit Gama sur la route, et lorsqu’ils furent arrivés le soir à Padérane, il l’exhorta par toutes sortes de raisons à attendre jusqu’au lendemain pour rejoindre ses vaisseaux, que