Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/106

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haute faveur, et lui avaient persuadé, non sans quelque raison, que les Portugais n’étaient venus que pour observer les forces de son empire, et qu’ils reviendraient avec une flotte plus puissante pour le piller et s’en rendre les maîtres. Il comptait attirer peu à peu tous les Portugais à Calicut, les faire périr, ou attendre l’arrivée des vaisseaux de la Mecque qui, réunis avec les siens, détruiraient la flotte du Portugal ; c’est du moins ce que l’interprète Bentaybo, un esclave nègre de Diaz, et deux Malabares vinrent dire à Gama, soit que ce rapport fût conforme à la vérité et dicté par un intérêt qu’on a quelque peine à comprendre, en faveur d’étrangers qu’ils ne devaient pas préférer à leurs compatriotes, soit qu’ils n’eussent d’autres desseins que de précipiter le départ de Gama, d’intimider les Portugais, et de les dégoûter de semblables voyages. Quoi qu’il en soit, il refusa de voir les présens, et répondit que Gama partirait quand il voudrait, mais qu’il fallait que les facteurs payassent pour les droits du port six cents scharafans[1]. En même temps il les fit arrêter pour sûreté de cette somme, et mit des gardes à la porte de leur magasin. On défendit, sous peine de mort, à tous les habitans de Calicut d’aller sur la flotte de Gama. L’amiral fut instruit par Bentaybo de tout ce qui se passait ; et cependant il négligea de se rendre maître d’une

  1. Six cents écus.