Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un interprète, pour lui déclarer qu’il venait de Portugal dans l’intention de conclure avec lui un traité d’alliance et de commerce, et qu’il était prêt à descendre lui-même pour en régler les conditions, si l’on consentait à lui accorder des otages. Après quelques débats, on convint de tout, et Cabral eut une audience du samorin dans une galerie construite exprès sur le bord de la mer, et décorée avec tout le faste asiatique. Il fut placé sur un siége proche de celui du prince, honneur le plus grand qu’on pût déférer à un étranger suivant la coutume du pays. Il offrit ses présens ; ils étaient riches, et furent bien reçus. La proposition qu’il fit d’établir à Calicut un comptoir qui serait fourni de toutes les marchandises de l’Europe, pour les échanger contre les productions de l’Inde, fut écoutée favorablement. On donna aux Portugais une maison fort commode sur le bord de la mer, et la sûreté du commerce paraissait établie ; mais cette tranquillité ne fut pas de longue durée. Les Maures de la Mecque et du Caire, accoutumés depuis long-temps à se voir les maîtres de tout le commerce des Indes, ne pouvaient voir patiemment ces nouveaux hôtes dont la concurrence était à craindre. Ils avaient nécessairement beaucoup d’appui à la cour du samorin, et la connaissance du pays les mettait en état de nuire aisément à des étrangers. Après avoir tenté inutilement de les perdre dans l’esprit du samorin, ils prirent le parti de les traver-