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Il visita Cochin et Cananor. Le commerce languissait à Cochin, parce que les négocians du pays avaient peu de goût pour les marchandises portugaises, et ne voulaient donner leurs épices que pour de l’argent. Le roi de Cananor eut la générosité de se rendre caution pour les Portugais, et répondit pour mille quintaux de poivre, cinquante de gingembre, et quatre cent cinquante de cannelle. La cargaison s’achevait tranquillement, lorsqu’on avertit l’amiral qu’on voyait paraître plus de quatre-vingts pares ou barques indiennes chargées de Maures, qui venaient de Calicut pour attaquer les Portugais. Le lendemain, dès la pointe du jour, elles entrèrent dans la baie de Cananor. Nuéva se retira au fond de la baie, et donna ordre à son artillerie de faire un feu continuel. Les Maures n’avaient point encore de canon, ou s’en servaient mal ; ils préféraient l’usage des flèches ; mais, obligés de se tenir à une grande distance, leurs flèches ne pouvaient atteindre l’ennemi. Les foudres de l’Europe donnèrent aux Portugais l’avantage sur la multitude. Plusieurs vaisseaux indiens furent coulés à fond, et il y eut beaucoup de Maures tués, sans que les Portugais perdissent un seul homme. La flotte battue fut obligée de retourner à Calicut ; et Jean de Nuéva, content d’avoir montré au roi de Cananor la supériorité des forces européennes, revint triomphant à Lisbonne, sans avoir rien souffert de la guerre ni des flots.