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le bruit que l’île produisait une grande quantité d’épices, Tristan d’Acugna y arriva de Mozambique, où il avait rassemblé sa flotte. Mais, trouvant le commerce moins avantageux qu’il ne l’avait cru, il retourna vers Mélinde. Le roi de ce pays, toujours attaché aux Portugais, les engagea à tourner leurs armes contre les schahs ou rois d’Hoïa et de Lamo , dont il avait à se plaindre. Hoïa n’est qu’à dix-sept lieues au nord de Mélinde. Tristan se présenta devant la ville avec six vaisseaux. Les Maures voulurent s’opposer au débarquement, et le fruit de leur résistance fut l’entière destruction de la ville, que les vainqueurs livrèrent au pillage et aux flammes. Brava, qui s’était révoltée (car les historiens donnent le nom de révolte aux efforts que faisaient les malheureux Indiens pour secouer le joug de leurs oppresseurs), Brava, prise une seconde fois par Albuquerque, éprouva toutes les horreurs où peuvent s’emporter des brigands victorieux. Le sang ruisselait dans les rues jonchées de cadavres. On coupait aux femmes les oreilles et les bras pour leur arracher plus promptement les ornemens d’or qu’elles portaient. La ville fut réduite en cendres. Ce sont les écrivains portugais qui racontent eux-mêmes ces affreux détails, et qui paraissent croire que ces cruautés étaient nécessaires. Mais on s’aperçoit aussi que la différence des religions leur inspirait pour les peuples de l’Inde ce mépris mêlé d’aversion qui ne nous permet pas de regarder