Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

multitude de vaisseaux. La ville, bâtie par des pêcheurs, et d’abord tributaire de Siam, avait été depuis habitée par les Malais. Mohammed, prince maure, y régnait, et le roi de Pahang lui avait fourni de puissans secours. Les Portugais n’avaient point encore rencontré de résistance plus opiniâtre, ni fait de conquête qui leur eût coûté davantage. Jamais aussi ils ne versèrent plus de sang. Le massacre dura neuf jours, jusqu’à ce qu’il ne restât pas un seul Maure dans la ville : il fallut la repeupler d’étrangers et de Malais. On y bâtit une église, et un fort nommé Hermosa. Le roi s’était retiré, avec sa famille, dans des bois impénétrables dont le pays est couvert.

Albuquerque fut alors au faîte de la grandeur. Les rois de Siam et de Pégou, dans la presqu’île au delà du Gange, de Narsinga, près de la côte de Coromandel et de Visapour, recherchèrent son alliance ; le samorin consentit à laisser bâtir un fort qui devait dominer Calicut. Les lieutenans du vice-roi découvraient dans le même temps les Moluques. Lui-même conduisit dans la mer Rouge la première flotte portugaise qui eût encore passé le détroit de Babelmandel : il échoua, il est vrai, devant Aden ; mais s’étant présenté devant Ormuz, il trouva que la terreur de son nom lui avait tout soumis par avance. Le roi d’Ormuz renouvela le traité qui mettait son pays sous la protection du Portugal ; on rendit aux Portugais le fort qu’ils avaient commencé et qu’ils