Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/157

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Le gouvernement d’Albuquerque avait été l’époque où la puissance portugaise était montée à son comble. Après sa mort, la décadence se fit sentir. Il n’était pas possible que tant de richesses n’allumassent la cupidité, et que tant d’élévation ne produisît l’orgueil et la tyrannie. Les cruautés atroces et l’insolent brigandage des commandans et des soldats rendirent le nom portugais exécrable sur toutes ces côtes. Les révoltes furent fréquentes, et les Indiens furent quelquefois vengés. Les Portugais furent battus dans l’île de Java. Ils manquèrent encore Aden et Djeddah dans la mer Rouge. Ils échouèrent plusieurs fois devant Diu. Ils se virent assiégés dans Goa et dans Malaca, par les habitans, que leur tyrannie avait soulevés. Cependant ils n’avaient rien perdu de leur activité entreprenante. Édouard Coëllo et Perès d’Andrada pénétrèrent dans les mers de l’Asie, l’un jusqu’à Siam, et l’autre jusqu’à Canton, port de la Chine. Mais ayant osé braver à Canton les ordres de l’empereur avec une imprudence inexcusable, ayant même poussé l’arrogance jusqu’à faire élever une potence dans l’île de Ta-mou,

    querque était seul capable d’y mettre la dernière main en l’ornant de ses plus beaux joyaux, Goa, Malaca et Ormuz. Étant entrés tous trois, avec peu de vaisseaux et un petit nombre d’hommes, dans des mers éloignées, où ils trouvèrent des ennemis nombreux, et quantité de places fortes, sans un ami pour les soutenir, et presque sans un arbre pour se mettre à l’abri, ils percèrent des nuées de balles et de flèches empoisonnées pour retourner dans leur patrie, etc. »