Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tait les corbeaux qui venaient dévorer les cadavres. Enfin les Portugais, n’ayant plus que le désespoir pour défense, se portèrent en foule sur la brèche, hommes et femmes mêlés ensemble, et armés de même, résolus de mourir en combattant. Un prêtre était au milieu d’eux le crucifix à la main. La nuit mit fin à cet effroyable assaut ; et peu de temps après le gouverneur don Juan de Castro arriva de Lisbonne à la tête d’une flotte de quatre-vingt-dix voiles, qui, portant sur sa route la terreur et le ravage, avait pillé Surate et Azoto. À peine débarqué, il attaqua les Indiens dans leurs retranchemens, et remporta une victoire complète. Roumi-Khan, qui s’était défendu jusqu’au dernier soupir, fut trouvé parmi les morts. La ville de Diu fut reprise, et le château rebâti. Tous les Portugais de l’Inde célébrèrent avec transport la délivrance de Diu, où ils croyaient voir leur sort attaché, et la gloire de son libérateur. On lui prépara dans Goa, résidence ordinaire des gouverneurs de l’Inde, une entrée triomphante, à peu près semblable à celle que faisaient autrefois dans Rome les généraux victorieux. Les rues étaient tendues de riches tapisseries. Le bruit des instrumens de musique se mêlait à celui des foudres guerrières. La ville, le port et les vaisseaux étincelaient d’illuminations. Le vainqueur entra sous un dais magnifique. À la porte, on lui ôta son chapeau pour lui mettre une couronne de lauriers sur la tête et une