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la supériorité de l’homme formé par les arts sur l’homme de la nature. Les Nègres de Comore s’empressaient de donner toutes leurs provisions, tous les fruits de leur pays pour ces menues clincailleries, dont ces peuples sont partout extraordinairement avides. Les îles de Comore sont fertiles ; les noix de cocos y sont fort belles ; il y en a d’aussi grosses que la tête d’un homme, et l’eau qu’elles contiennent est proportionnée à leur grosseur ; une seule suffirait pour le dîner du matelot le plus affamé. Les Anglais trouvèrent d’ailleurs toutes sortes d’alimens en abondance : des volailles, du poisson, des bestiaux, du riz, du lait, des limons ; il n’y manque que de l’eau fraîche ; elle y est si rare, que l’usage des habitans est de faire des trous dans la terre, d’où ils tirent une eau bourbeuse à laquelle les Anglais ne purent s’accoutumer ; aussi partirent-ils sans avoir renouvelé leur provision. Le besoin d’eau les engagea à débarquer, dix ou douze jours après, dans l’île de Pemba, qui appartenait aux Portugais. Les naturels du pays, portant leur main à leur gorge, leur indiquaient par ces signes que ce séjour était dangereux ; mais ils ne les entendirent pas ; ils ne s’en souvinrent qu’après avoir échappé très-heureusement aux embûches des Portugais, qui forçaient les habitans de l’île à partager les trahisons que l’on préparait à tous les étrangers abordés sur la côte. Comme les Anglais observèrent quelques précautions, ils ne furent pas absolument sur-