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l’Inde qui viendraient se rendre à Moka, et qui n’étaient pas de force à se défendre contre trois vaisseaux d’Europe. Le pacha, joignant les menaces aux promesses, et vantant beaucoup sa clémence, lui répéta qu’il eût à se souvenir que l’intention du grand-seigneur était qu’aucun vaisseau chrétien n’entrât dans la mer d’Arabie. « L’épée du sultan est longue », lui dit-il. L’aga avait déjà tenu le même discours à Middleton, et cet Anglais lui avait répondu avec une juste fermeté : « Vous ne m’avez pas pris par l’épée, mais par trahison ; je n’aurais craint ni votre épée ni celle de personne. » Mais il n’osa pas faire la même réponse au pacha. Il apprit depuis que le premier dessein de ce Turc avait été de lui faire couper la tête, et de faire tous ses compagnons esclaves.

Comme il connaissait les mauvaises intentions de l’aga à l’égard des Anglais, il demanda au pacha, avant de le quitter, une lettre pour cet officier, de peur qu’il ne recommençât ses injustices. Alors le pacha, irrité de ses défiances, lui dit avec cet orgueil des despotes barbares dans lequel il entre beaucoup plus de férocité que de grandeur : « Un mot de ma bouche n’est-il pas suffisant pour renverser une ville de fond en comble ? Si l’aga vous fait tort, je le ferai écorcher jusqu’aux oreilles, et je vous ferai présent de sa tête. N’est-il pas mon esclave ? »

Mais tout le faste du despotisme turc ne ras-