Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/218

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surait point l’amiral contre la perfidie de cette nation et les méchancetés de l’aga. Il profita du peu de liberté qu’on lui laissait à Moka pour s’échapper de cette ville et regagner ses vaisseaux. Une partie de ses gens ne purent se sauver avec lui, et l’aga, dans le premier transport de sa colère, avait menacé de leur faire couper la tête ; mais Middleton lui fit déclarer que, s’il continuait à les retenir malgré l’ordre du pacha, il allait brûler tous les vaisseaux qui étaient restés dans le port, et qu’il étendrait sa vengeance jusque sur la ville. Cette menace y jeta la consternation. Un capitaine de vaisseau indien, nommé Mohammed, offrit sa médiation, et vint demander à l’amiral quelle satisfaction il exigeait. Middleton demanda qu’on lui rendît sa pinasse et ses marchandises, que le pacha de Zénan prétendait devoir être confisquées pour le profit du grand-seigneur, et qu’il avait exceptées de ce qui devait être rendu aux Anglais ; qu’on lui ramenât tous ses gens, et même un jeune homme qu’on avait circoncis par violence, et que le pacha voulait retenir comme mahométan ; qu’enfin on lui payât soixante-dix mille piastres pour le dédommager de tout ce qu’il avait souffert. Il en obtint vingt mille par accommodement. Il était temps qu’il s’éloignât de cette mer, quoique ses vaisseaux eussent été se rafraîchir sur la rive opposée, à la côte des Abyssins ; les maladies n’avaient pas laissé de fatiguer l’équipage. Les démêlés avec l’aga avaient été