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longs. On était au commencement de juin, et les vents brûlans qui régnent à certaines époques sur la mer Rouge étaient devenus si insupportables, que les Anglais furent obligés, pendant plusieurs jours, de se tenir renfermés sous leurs écoutilles. On raconte des effets étranges de ces vents enflammés qui coupent la respiration et portent dans les entrailles une chaleur mortelle que rien n’est capable d’éteindre. Des obstacles et des fléaux si dangereux forcèrent l’amiral de renoncer au projet qu’il avait formé d’attendre le grand vaisseau qui vient tous les ans de Suez à Moka, chargé des richesses de l’Égypte ; mais il s’en dédommagea par des prises considérables qu’il fit l’année suivante, lorsque, après avoir inutilement tenté de commercer à Surate et à Cambaye, où les Portugais s’étaient rendus les plus forts, il revint dans la mer Rouge avec Sarris, autre capitaine anglais qu’il avait rencontré. Ils convinrent de saisir et de dépouiller tous les vaisseaux indiens qui entreraient dans le golfe, et de partager le butin. Il fut immense. Ils prirent, entre autres, un bâtiment très-considérable qui appartenait au grand-mogol, et qui était chargé pour la mère de ce monarque. L’équipage était de quinze cents personnes. Ils allèrent partager leur proie dans la baie d’Assab, sur le rivage des Abyssins. De là, menant en triomphe tous les bâtimens qu’ils avaient pris, ils revinrent dans la rade de Moka. Le pacha leur envoya des présens qui furent rejetés avec hau-