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naries est agréable et très- fort : il se transporte dans toutes les parties du monde. Roberts prétend que c’est le meilleur vin de l’univers. Linschoten confirme tout ce qu’on dit de la fertilité des Canaries ; il ajoute qu’il n’y a pas de grains qu’elles ne produisent avec la même abondance ; et parmi les bestiaux qu’elles nourrissent il compte les chameaux.

Le Maire, voyageur français, rend le même témoignage à la fécondité de ces îles, pour tout ce qui est agréable et nécessaire à la vie ; mais il parle moins avantageusement de l’eau, qu’il trouve d’une bonté médiocre. Les habitans en ont la même opinion, puisqu’ils se croient obligés de la purifier en la filtrant au travers de certaines pierres. Le Maire fait observer que le temps de la moisson aux Canaries est communément le mois de mars et d’avril, et que dans quelques endroits il y a deux moissons chaque année. Il ajoute qu’il y a vu un cerisier porter du fruit six semaines après avoir été greffé. Les oiseaux de Canarie qu’on nomme serins, et qui naissent en France, n’ont ni le son si doux, ni le plumage si beau et si varié que dans le lieu de leur origine.

Outre les végétaux qu’on a nommés, ces îles produisent aujourd’hui des pois, des fèves et des coches, qui sont une sorte de grain semblable au maïs, dont on se sert pour engraisser la terre ; des groseilles, des framboises et des cerises, des goyaves, des courges, des ognons d’une rare beauté, toutes sortes de racines, de