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fait chauffer : cependant l’air était calme et modéré ; mais, vers le coucher du soleil, le vent devint si violent et si froid, qu’étant forcés de s’arrêter sous les rocs, ils y allumèrent de grands feux pendant toute la nuit.

Ils recommencèrent à monter vers quatre heures du matin. Après avoir fait l’espace d’un mille, un des voyageurs se trouva si mal, qu’il fut obligé de retourner sur ses pas. Là commencent les rochers noirs. Le reste de la compagnie continua sa marche jusqu’au pain de sucre, c’est-à-dire à l’endroit où le pic commence à prendre cette forme. La plus grande difficulté qu’ils y eurent à combattre, fut le sable blanc, contre lequel néanmoins ils s’étaient munis, en prenant avec eux des souliers dont la semelle était plus large d’un doigt que le cuir supérieur : ils gagnèrent avec beaucoup de peine le dessus des rochers noirs, qui est plat comme un pavé. Comme il ne leur restait plus qu’un mille jusqu’au sommet, ils sentirent redoubler leur courage ; et, sans être tentés de se reposer, ils gagnèrent enfin la cime. Leur crainte avait été d’y trouver la fumée aussi épaisse qu’elle leur avait paru d’en bas ; mais ils n’y sentirent que des exhalaisons assez chaudes, dont l’odeur était celle du soufre.

Dans la dernière partie de leur marche, ils ne s’étaient aperçus d’aucune altération dans l’air, et le vent n’avait pas été fort impétueux ; mais ils le trouvèrent si violent au sommet, qu’ayant voulu commencer par boire à la santé