Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/252

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qui est a douze lieues ; l’île de Palme, éloignée de vingt ; celle de Goméra, qui n’en est qu’à six lieues ; et celle de Fer, à plus de vingt-cinq ; mais leur vue s’étendait à l’infini sur la surface de l’Océan ; et l’on en doit juger par une simple remarque : c’est que la distance de Ténériffe à Goméra ne paraissait pas plus grande que la largeur de la Tamise à Londres.

Aussitôt que le soleil parut à l’horizon, l’ombre du pic parut couvrir non-seulement l’île de Ténériffe et celle de Goméra, mais toute la mer, aussi loin que les yeux pouvaient s’étendre ; et la pointe du mont semblait tourner distinctement, et se peindre en noir dans les airs. Lorsque le soleil eut acquis un peu d’élévation, les nuées se formèrent si vite, qu’elles firent perdre tout d’un coup aux marchands la vue de la mer, et même celle de l’île de Ténériffe, à la réserve de quelques pointes de montagnes voisines qui semblaient percer au travers. Nos observateurs ne purent savoir si ces nuées s’élèvent quelquefois au-dessus du pic même ; mais, quand on est au-dessous, on s’imaginerait qu’elles sont suspendues sur la pointe, ou plutôt qu’elles l’enveloppent ; et cette apparence est constante pendant les vents de nord-ouest : c’est ce que les habitans appellent le Cap. Ils le regardent comme le pronostic certain de quelque tempête.

Un des mêmes marchands, qui recommença le voyage deux ans après, arriva au sommet du pic avant le jour. S’étant mis à couvert