Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des glaçons suspendus, qui descendent jusqu’au tas de neige dont le fond est rempli ; mais nos voyageurs, bientôt incommodés de l’excès du froid, quittèrent ce lieu pour continuer de descendre. Ils arrivèrent à Orotava vers cinq heures du soir, le visage si rouge et si cuisant, que, pour se rafraîchir, ils furent obligés de se faire laver long-temps la tête avec des blancs d’œufs.

Joignons à cette relation celle d’un Anglais fort instruit, nommé M. Edens, plus curieuse et plus détaillée que la première.

Le mardi 13 août 1715, à dix heures et demie du soir, Edens, accompagné de quatre Anglais et d’un Hollandais, avec des domestiques et des chevaux pour le transport de leurs provisions, partit du port d’Orotava : leur guide était le même qui avait servi depuis plusieurs années à tous les étrangers qui avaient fait ce voyage.

Ils arrivèrent avant minuit à la ville d’Orotava ; et, suivant les instructions du guide, ils y prirent des bâtons d’une forme commode pour faciliter leur marche.

Le jour suivant, à une heure du matin, ils s’avancèrent jusqu’au pied d’une montagne fort raide, à un mille et demi de la ville ; et, commençant à voir autour d’eux à la faveur de la lune qui était fort claire, ils découvrirent le pic, environné d’une nuée blanche qui le couvrait comme un chapeau. De là, suivant le pied de la montagne, ils gagnèrent une plaine