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échapper aux flammes qu’en se retirant dans la mer, où, pendant deux jours, ils demeurèrent dans l’eau jusqu’au cou, sans aucune nourriture. Madère était alors habitée dans ses quatre parties, Machico, Santa-Cruz, Funchal et Caméra de Lobos. C’étaient du moins les principales habitations ; car il y en avait de moins considérables, et la totalité des habitans montait à huit cents hommes, en y comprenant une compagnie de cent chevaux. Il n’est pas surprenant que depuis tant d’années ils se soient multipliés jusqu’à se trouver en état, suivant le récit d’Atkins, de mettre aujourd’hui dix-huit mille hommes sous les armes.

Les campagnes de l’île sont fort montagneuses, mais elles n’en sont pas moins fécondes et moins délicieuses. Elles sont rafraîchies par sept ou huit rivières, et par quantité de petits ruisseaux qui descendent des montagnes. On ne saurait voir sans admiration la fertilité des lieux les plus hauts. Ils sont aussi cultivés que les plaines d’Angleterre, et le blé n’y croît pas moins facilement ; mais la multitude des nuées qui s’y forment est pernicieuse au raisin.

Le capitaine Uring était à Funchal en 1717. Il raconte qu’elle est défendue par deux grands forts, et que, sur un roc à quelque distance du rivage, elle en a un troisième qui est capable d’une bonne défense par sa situation. Derrière la ville, continue-t-il, le terrain s’élève par degrés jusqu’aux montagnes, et s’étend en forme de cercle dans l’espace de plu-