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est d’une douceur admirable, et l’on ne doit pas être surpris que les anciens y aient placé les Champs-Élysées. Ainsi Moquet semble entrer dans l’opinion de ceux qui comptent Madère entre les Canaries.

Suivant la description d’Atkins, l’île est un amas de montagnes entremêlées de vallées fertiles : les parties hautes sont couvertes de bois qui servent de retraites aux chèvres sauvages ; le milieu contient des jardins, et le bas des vignobles ; les chemins y sont fort mauvais ; ce qui oblige d’y transporter le vin dans des barils, sur le dos des ânes.

La description que Cada-Mosto nous a donnée de Madère semble préférable à toutes celles qui sont venues après lui. Il observe que le terrain, quoique montagneux, est d’une rare fertilité ; qu’il produisait autrefois jusqu’à trente mille stares[1] vénitiens de blé, et qu’il rendait soixante-dix pour un ; mais que, faute d’habileté dans la culture, il ne rend plus que trente ou quarante ; qu’il est rempli de sources excellentes, outre sept ou huit rivières ; que ce fut cette abondance d’eau qui fit naître au prince Henri de Portugal la pensée d’y envoyer des cannes de Sicile ; que cette transplantation dans un climat plus chaud leur donna tant de fécondité, qu’elles surpassèrent toutes les espérances ; que le vin y était fort bon de son temps, quoique alors extrêmement près de son origine, et l’abondance si grande,

  1. Le stare est une mesure de grain qui pèse trois livres.