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ches, s’imposent des règles de sobriété dont ils ne s’écartent presque jamais. Ils ne pressent point leurs convives de boire. Les domestiques qui servent dans un repas ont toujours la bouteille à la main ; mais ils attendent si exactement l’ordre des maîtres pour leur offrir du vin, qu’un simple signe ne serait pas entendu. Cette affectation de tempérance est portée si loin, qu’un Portugais n’oserait uriner dans les rues, parce qu’il s’exposerait au reproche d’ivrognerie.

Les habitans de Madère ont beaucoup de gravité dans leur parure, et portent communément le noir, par déférence, comme Ovington se l’imagine, pour le clergé de l’île, qui s’y est mis en possession d’une extrême autorité. Mais ils ne peuvent être un moment sans l’épée et le poignard. Les valets même ne quittent point ces ornemens inséparables l’un de l’autre. On les voit servir à table l’assiette à la main, l’épée au côté, jusque dans les plus grandes chaleurs ; et leurs épées sont d’une longueur extraordinaire.

Les maisons n’ont rien néanmoins qui sente le faste. L’édifice et les meubles sont de la même simplicité. On voit peu de bâtimens qui aient plus d’un étage. Les fenêtres sont sans vitres, et demeurent ouvertes pendant tout le jour. Le soir, elles se ferment avec des volets de bois. Le pays ne produit aucun animal venimeux ; mais il s’y trouve un nombre infini de lézards qui nuisent beaucoup aux fruits et aux raisins.