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trahis dans leur marche. Les Portugais se rendirent en foule au lieu de la sépulture, exhumèrent le corps, et l’exposèrent aux insultes publiques, après quoi ils le jetèrent dans l’Océan. On en use de même aux Indes orientales, dans tous les pays de la domination portugaise. Il n’y a pas de lieu qui paraisse assez vil pour y enterrer un hérétique ; on appréhende que les vapeurs de son cadavre n’infectent toute l’étendue d’un canton catholique. Cependant la haine des prêtres se laisse quelquefois adoucir par une somme d’argent. L’auteur rapporte l’exemple d’un enfant qui avait été secrètement enterré. Le clergé portugais exigea que l’enfant fût exhumé pour recevoir le baptême des catholiques ; et , après cette cérémonie, il consentit qu’on lui rendît la sépulture.

Les chanoines de l’église cathédrale jouissent du plus heureux sort du monde, si le bonheur consiste à ne connaître ni la pauvreté ni le travail. Leur règle les oblige, à la vérité, de se rendre à l’église dès quatre heures du matin ; mais, comme cette heure ne favorise point assez le goût qu’ils ont pour le repos, Ovington a remarqué qu’ils ont soin tous les jours de faire retarder l’horloge, afin qu’elle fasse entendre quatre heures lorsqu’il en est réellement cinq ; et par cet artifice ils ménagent tout à la fois leur sommeil et leur réputation.