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même sa posture. Roberts s’assit. Alors le général lui demanda ce qu’il voulait boire. Il répondit que la soif n’était pas son besoin le plus pressant ; mais que, par reconnaissance de tant de bontés, il accepterait volontiers tout ce qui lui serait offert. Lo lui dit encore qu’il avait tort de se chagriner et de s’abattre, que c’était le hasard de la guerre, et que le chagrin était capable de nuire à la santé ; qu’il ferait beaucoup mieux de prendre un visage riant, et que c’était même la voie la plus sûre pour mettre tout le monde dans ses intérêts. Tous ces conseils étaient donnés d’un ton d’ironie ; et Roberts fut surpris de trouver cette figure si familière à des corsaires. « Allons, reprit Lo, vous serez plus, heureux une autre fois ; » et sonnant une cloche qui fit venir un de ses gens, il donna ordre qu’on apportât du punch, « et dans le grand bassin, » ajouta-t-il ; il demanda aussi du vin. L’un et l’autre fut servi avec beaucoup de diligence. En buvant avec Roberts, il lui promit tous les services qui dépendraient de lui. Il regrettait beaucoup, lui dit-il, qu’il n’eût pas été pris dix jours plus tôt, parce que sa troupe avait alors en abondance diverses sortes de marchandises qu’elle avait enlevées à deux vaisseaux portugais qui faisaient voile au Brésil, telles que des étoffes de doie et de laine, de la toile, du fer et toutes sortes d’ustensiles ; il aurait pu engager ses compagnons à lui en donner une partie, qu’ils avaient jetée dans la mer comme un bien superflu ; que, s’il le rencontrait quel-