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du vaisseau et de la cargaison qu’on pouvait lui donner ? Qui voudrait les acheter de lui, s’il n’était en état de prouver qu’il avait droit de les vendre ? et, si le propriétaire en apprenait quelque chose, ne serait-il pas obligé de leur restituer la valeur entière de leur bien, avec le risque d’être, jeté dans un cachot, et de se voir mener peut-être au supplice ?

Cette réponse n’embarrassa point Russel. Il la traita d’objection frivole. À l’égard du droit sur le vaisseau et de la crainte d’être découvert, il prétendit que les pirates pouvaient faire à Roberts un billet de vente, et lui donner par écrit d’autres titres qui assureraient sa possession ; qu’il était aisé d’ailleurs de se dérober à la connaissance des propriétaires, parce que les pirates savaient toujours, soit par la déclaration d’un maître du vaisseau, soit par ses papiers, dont ils avaient soin de se saisir, qui étaient les principaux intéressés dans une cargaison, et quel était leur pays ou leur demeure. Il ajouta que les écrits et les titres pouvaient se faire sous un autre nom que celui de Roberts, et lui servir jusqu’à la fin de sa vente ; après quoi il pourrait reprendre son véritable nom, et s’assurer ainsi de n’être jamais découvert.

Roberts se vit forcé de reconnaître qu’il y avait non-seulement de la vraisemblance, mais une espèce de certitude dans cette proposition ; il loua même l’esprit et l’habileté de Russel. Cependant, après avoir confessé qu’un plan si