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saire, et lui donna occasion de redoubler ses ironies. Enfin, lorsqu’il se sentit pressé du sommeil, il donna ordre que Roberts et ses deux hommes fussent conduits à leur felouque.

Comme c’était dans son propre canot que Roberts avait eu la liberté de retourner à sa felouque, il attendit impatiemment le jour pour reconnaître en quel état elle lui était rendue. Il y trouva d’abord de quoi remplir son chapeau de miettes et de croûtes de biscuit, avec quatre ou cinq poignées de tabac à fumer. Tout étant précieux pour lui dans la situation qu’on lui avait annoncée, il recueillit soigneusement ces misérables restes. Il retrouva sa boussole, son quart de cercle, et quelques autres instrumens de mer. On lui avait laissé son lit, comme un meuble inutile pour les corsaires, qui, à l’exception des seuls officiers, n’ont pas d’autre lit que le tillac. Pour provisions de bouche, il ne trouva que dix bouteilles d’eau-de-vie et trente-six livres de riz, avec une fort petite quantité de farine. L’eau qui restait dans les tonneaux ne montait pas à plus de trois pintes.

Ses recherches tournèrent ensuite vers les voiles. À la place des siennes on en avait mis de vieilles, qui étaient à demi pouries ; mais quelque pirate avait eu l’humanité de laisser six aiguilles avec un peu de fil de caret et quelques morceaux de vieux canevas, dont il commença aussitôt à faire usage. Ce travail l’occupa pendant trois jours, lui et ses deux