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pendant le soleil se leva très-clair, mais vers huit heures le vent souffla fort impétueusement, et devint si furieux vers le milieu du jour, que Roberts n’avait jamais vu les vagues dans une telle agitation ; il ne savait quel parti prendre, et tous ses efforts se tournaient à persuader aux Nègres de ne pas l’abandonner. Le reste du jour et la nuit suivante se passèrent avec moins d’alarme ; mais le lendemain, qui était le 29 novembre, les vents redevinrent si furieux, qu’ayant arraché le bâtiment de dessus son ancre, il le précipitèrent sur la point d’un roc, où il se brisa misérablement. L’eau pénétrait de toutes parts, et les Nègres, à cette vue, se jetèrent à la nage pour gagner la terre ; cependant ils revinrent au secours de Roberts et de son matelot, qui jetaient des cris lamentables. À la faveur de quelques planches brisées, ils les conduisirent au pied d’un roc, où ils trouvèrent assez de facilité à monter plus de quinze pieds au-dessus des flots. Là, le roc s’aplanissant dans un espace de neuf ou dix pieds, ils s’arrêtèrent pour reprendre haleine, tandis que d’autres Nègres, qui avaient vu leur disgrâce du sommet de la côte, leur apportèrent de l’eau et quelques alimens du pays. Ils allumèrent du feu dans le même endroit pour faire cuire des courges ; et le temps ayant commencé à s’adoucir, ils y passèrent la nuit.

Le jour suivant fut employé par les Nègres à sauver les débris de la felouque, surtout les moindres pièces de bois où il restait quelque trace de peinture. Ils dirent à Roberts que, s’il