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posé de courges bouillies et de quelques poissons qu’ils avaient péchés. Pendant que les deux Anglais, oubliaient leur infortune pour manger avec assez d’appétit, il leur vint un messager du seigneur Lionel Consalvo, gouverneur de l’île, qui s’excusait de n’être pas venu lui-même, parce qu’il était tourmenté d’un rhume. Il envoyait à Roberts quelques courges et trois ou quatre pommes-de-terre, en lui faisant espérer pour le jour suivant une pièce de chevreau sauvage. Au même moment il parut un autre messager de la part du prêtre de l’île : loin d’apporter quelques provisions aux deux Anglais, il était chargé par son maître de leur demander s’ils n’avaient pas sauvé quelques restes de farine. Après cette question, il ajouta, comme de lui-même, que, s’il leur restait de l’aqua ardente, ils feraient beaucoup de plaisir au prêtre de lui en envoyer. Roberts lui montra les restes de son naufrage, qui consistaient dans quelques planches et les deux pots de fer. À la vue des deux pots, le messager releva beaucoup le pouvoir de son maître, qui le rendait plus capable d’être utile aux étrangers que le gouverneur même ; et pour conclusion, il déclara aux Anglais qu’ils lui feraient plaisir de lui envoyer un des deux pots. D’autres Nègres vinrent successivement, et parmi eux Domingo Gomerès, fils d’Antoine Gomerès, qui avait été gouverneur de l’île avant Lionel Consalvo. Roberts prit une juste opinion de Consalvo en ne voyant qu’un Nègre dans Gomerès. Les Portugais dédaignent de venir com-