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de toutes les îles du cap Vert. Entre plusieurs monts qui sont dans cette île, le plus haut est le pic. Il contient le volcan, qui est au centre de l’île. Ce volcan brûle sans cesse, et jette des flammes qui se font apercevoir de fort loin pendant la nuit. Froger dit qu’il a vu la flamme dans les ténèbres, et la fumée pendant le jour. C’est un spectacle horrible, suivant Beckman, que les flammes qui s’élèvent pendant la nuit dans des tourbillons de fumée. Il continua, dit-il, de les voir ensuite pendant le jour, quoiqu’il en fut encore à plus de soixante milles.

Roberts, qui avait passé quelque temps dans l’île, raconte qu’il sort du volcan des rocs d’une grosseur incroyable, et qu’ils s’élancent à une hauteur qui ne l’est pas moins. Le bruit qu’ils font dans leur chute, en roulant et se brisant sur le penchant de la montagne, peut s’entendre aisément de huit à neuf lieues, comme il l’a vérifié par sa propre expérience ; il le compare à celui du canon, ou plutôt, dit-il, à celui du tonnerre. Il a vu souvent rouler des pierres enflammées, et les habitans l’ont assuré qu’on voyait quelquefois couler du sommet de la montagne des ruisseaux de soufre comme des torrens d’eau, et qu’ils en pouvaient ramasser une grande quantité. Ils lui en donnèrent plusieurs morceaux, qu’il trouva semblables au soufre commun, mais d’une couleur plus vive, et qui jetaient plus d’éclat lorsqu’ils étaient enflammés. Il ajoute que le volcan jette aussi quelquefois une si grande quantité de cen-