Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/381

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les habitans de Saint-Nicolas se font des habits d’étoffe de coton dans la même forme que ceux de l’Europe, et savent travailler les boutons sur tous les modèles qu’on leur présente. Ils se font des bas de fil de coton, d’assez bons souliers de cuir de leurs vaches, qu’ils ont l’art de tanner fort proprement. Ils faisaient aussi de leur coton plusieurs sortes de draps et de matelas, qui étaient trop bons pour le commerce de Guinée, et que les Portugais venaient prendre pour celui du Brésil ; mais, à force d’en tirer, ils ont rendu le coton aussi rare que dans les autres îles du cap Vert.

Le capitaine Cowley, qui y était en 1683, acheta des habitans une provision de bananes et de vin. Il semble qu’aujourd'hui la meilleure partie de leur commerce se réduit aux tortues, dont ils prennent un grand nombre, et à quelques autres poissons dont la pêche les exerce beaucoup. Leur île est la seule du cap Vert où l’on trouve une multitude de barques qui leur servent à pêcher entre les îles de Chaon, de Branca, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent. Ils vendent leur poisson argent comptant, ou pour les commodités dont ils ont besoin. Les Portugais qui prenaient dans l’île des draps de coton et des matelas pour le commerce du Brésil, payaient ordinairement ces marchandises en monnaie de Portugal, parce qu’ils n’apportaient pas de commodités qui satisfissent les habitans. C’étaient les Français et