Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/56

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conséquent, très-cher. Magalhaens observe que la houille qui se brûle à Pékin, et qui s’appelle moui, vient de montagnes situées à deux lieues de cette ville ; on peut les regarder comme inépuisables, puisque depuis plus de quatre mille ans elles fournissent aux besoins de la ville et de la plus grande partie de la province, où les plus pauvres s’en servent pour chauffer leurs poêles. On trouve la houille en couches fort profondes : quelques-uns la broient, surtout parmi le peuple ; ils humectent cette poudre, et on la pétrit en masses de différentes formes. Cette houille ne s’allume pas facilement ; mais, une fois enflammée, elle donne beaucoup de chaleur, et dure fort long-temps ; la vapeur en est quelquefois si désagréable, qu’elle suffoquerait ceux qui s’endorment près des poêles, s’ils n’avaient la précaution de tenir près d’eux un bassin plein d’eau, qui attire la fumée, et qui en diminue beaucoup la puanteur. Tout le monde, sans distinction de rang, fait usage de houille : on s’en sert dans les fourneaux de toutes les usines ; mais les ouvriers en fer trouvent qu’il rend ce métal trop aigre.

Comme il serait difficile, à cause du grand éloignement, de transporter du sel des côtes de la mer dans les parties occidentales de la Chine limitrophes de la Tartarie, la Providence a pourvu admirablement à ce besoin. Outre les puits d’eau salée qui se trouvent dans quelques-unes de ces provinces, il y a d’autres endroits où l’on voit une terre grise